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Dans un monde en constante mutation, plusieurs facteurs externes, tels que le changement climatique ou les conflits, affectent le travail des Services vétérinaires, risquant d’entraver leur contribution au développement durable. Être en mesure d’analyser et de planifier devient donc essentiel pour réduire les effets futurs de ces facteurs externes. C’est la raison pour laquelle la 87e Session générale de l’OIE a représenté une occasion unique pour les Délégués nationaux de l’OIE d’échanger sur la manière d’anticiper ces défis et, en tant que décideurs, d’influencer l’avenir de leurs pays respectifs et du monde.

Aujourd’hui, un rapport sur « Les effets des facteurs externes sur les Services vétérinaires et les adaptations qu’ils requièrent » a été présenté. Il identifie les facteurs externes les plus significatifs, analyse la préparation des Services vétérinaires, et détermine ce qui pourrait les aider à l’améliorer. Pour cela, l’OIE a réalisé une enquête auprès de ses Pays membres (74 % d’entre eux ont répondu) et des parties prenantes. Selon cette étude, les pays ont manifesté un haut niveau de préoccupation concernant certains facteurs externes, mais un faible niveau d’action ciblant les changements à venir.

Une liste de 17 facteurs externes, qui ont été sélectionnés par un groupe d’experts internationaux en fonction de leur probabilité de survenance et de leur impact sur les Services vétérinaires, a été présentée aux pays. Ceux-ci ont identifié les cinq priorités suivantes :

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1. Les maladies émergentes

(Cinq ou plus de cinq nouvelles maladies infectieuses émergentes par pays d’ici à 2030)

2. L’apparition de résistances aux antimicrobiens

(avec l’agriculture considérée responsable à hauteur de 30 % ou plus)

3. Les pandémies affectant l'élevage

(Une ou plusieurs pandémie(s) provoquant des effets similaires à la peste des petits ruminants, à l’échelle mondiale)

4. Les épidémies humaines d'origine zoonotique

(Une épidémie ou plus ayant un impact mondial similaire ou plus important à celui du SRAS)

5. L’augmentation de l’importance donnée au bien-être animal

(plus de 50 % des populations des pays économiquement développés considèrent que les animaux devraient avoir les mêmes droits que les humains)

Les pays ont affirmé qu’ils étaient bien préparés pour gérer ces priorités, à l’exception du bien-être animal. D’autres facteurs externes ont également été indiqués comme importants par les pays interrogés, même s’ils ne font pas partie de ces cinq priorités. La majorité de ces facteurs ne sont pas en lien avec la santé. Ils concernent par exemple les phénomènes météorologiques extrêmes à l’origine de grandes catastrophes ou l’augmentation de la production animale intensive (de 10 % ou plus par rapport aux niveaux actuels). Au sujet de ces derniers, les membres ont affirmé que leur Services vétérinaires n’étaient pas prêts à y faire face, suggérant que les facteurs non sanitaires sont actuellement négligés.

Comme souligné dans ce rapport, davantage d’attention devrait être accordée aux éléments qualifiés par les experts comme ayant une faible probabilité de réalisation et un impact élevé, de par leur caractère intrinsèquement imprévisible et leur évolution difficile à anticiper. Ces événements, désignés « méga-catastrophes » ou « événements cygne noir », comptent parmi eux l’échec des antibiothérapies combiné à l’absence d’alternatives pour les remplacer et une méga-pandémie animale (similaire à ou plus meurtrière que la peste bovine).

Piloter l’adaptation aux défis de demain

La vulnérabilité des Services vétérinaires peut-être réduite grâce à des stratégies d’adaptation et d’atténuation des effets, fondées sur la planification et des ajustements réactifs au changement. Bien que plusieurs facteurs externes constituent une source de préoccupation pour la majorité des Pays membres, moins de deux tiers d’entre eux les évaluent. Afin de réduire les menaces représentées par les facteurs externes et profiter des opportunités qu’ils offrent, les Services vétérinaires ont été encouragés à améliorer leur niveau de connaissance et à se préparer à faire face aux effets des facteurs externes par le biais de :

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La création d’un répertoire des risques

En répertoriant les risques, les pays seront en mesure d’identifier et d’effectuer le suivi des menaces potentielles associées aux facteurs externes, qui peuvent affecter le fonctionnement et la performance de leurs Services vétérinaires à court et moyen terme

La planification stratégique

La planification devient plus importante en période d’incertitude. Des exercices de prévision, tels que le recours à des matrices de risques ou la planification de scénarios, sont désignés comme un ensemble d’activités systématiques, participatives et multidisciplinaires qui peuvent être utilisées pour améliorer le niveau de préparation des pays vis-à-vis des facteurs externes. Cependant, de tous les pays répondants qui évaluent les risques liés aux facteurs externes, seulement 44 % ont déjà réalisé ce type d’exercices. Par conséquent, les pays ont été appelés à promouvoir l’utilisation d’outils de prévision auprès de leurs Services vétérinaires afin de les préparer à gérer les incertitudes de l’avenir.

L'évaluation des risques institutionnels

D’après ce rapport, à peine un peu plus de la moitié des pays répondants qui évaluent les facteurs externes se penche sur les risques institutionnels (59 %). Il est nécessaire que ce type d’activité soit considéré par les pays comme un moyen d’évaluer les effets potentiels des facteurs externes sur la performance future des Services vétérinaires dans des domaines majeurs, tels que le secteur financier ou les ressources humaines, et de prendre les mesures en conséquence pour réduire ces risques institutionnels.

Améliorer les capacités des pays grâce au Processus PVS de l’OIE

L’un des trois objectifs principaux du 6e Plan stratégique de l’OIE est de renforcer la capacité et la durabilité des Services vétérinaires nationaux, ainsi que leur résistance aux facteurs internes et externes. À cet égard, l’OIE continuera de recourir au Processus PVS pour l’amélioration de la Performance des Services vétérinaires comme moyen de soutenir ses Membres en améliorant leurs capacités à faire face aux mutations du monde, en particulier par l’amélioration de leurs compétences de gestion, de planification et de leadership.

Visionnez ce Spotlight avec Jimmy Smith, Directeur général de l’Institut international de recherche sur l’élevage (ILRI), qui explique comment la recherche et le Processus PVS peuvent aider les pays à s’adapter aux défis à venir.

Afin de valider les conclusions issues de ce Thème technique, une Résolution sera proposée pour adoption à l’Assemblée mondiale des Délégués de l’OIE ce jeudi.

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